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mardi 30 septembre 2008

"Les cartes du crime" (Jean-Luc Besson)


La criminologie s'intéresse à la géographie. Et les criminologues, notamment sous l'impulsion d'Alain Bauer, nous livrent de nombreux essais sur la "géographie criminelle", à l'heure où les questions d'insécurité et de délinquance préoccupent de plus en plus l'opinion publique. La question de la cartographie comme outil sécuritaire est de plus en plus discutée tant dans les institutions officielles, dans les débats politiques que dans les milieux universitaires. Avec, par exemple, la mise en place d'une carte du crime à Londres par Scotland Yard, ou la 1ère carte des crimes et délits sexuels à Paris. Dans ce contexte où l'insécurité est devenue un thème de débats politiques intenses, Jean-Luc Besson (diplômé en victimologie, ancien directeur de la sécurité de la ville de Roubaix, et chargé d'étude à l'Observatoire national de la délinquance) offre un essai sur Les cartes du crime (PUF, collection Questions judiciaires, Paris, 290 pages, 2004).



Dans son ouvrage divisé en 10 chapitres, Jean-Luc Besson nous présente une réflexion qui s'appuie sur une riche bibliographie anglo-saxonne, qui offre une perspective élargie sur des méthodologies peu connues. Chaque chapitre questionne des thématiques de la criminologie, telles que l' "environmental criminolgy", la cartographie criminelle, l'utilisation de la cartographie et des SIG (systèmes d'information cartographique), le "HotSpot", la géographie des criminels... La criminalité est éclairée selon les concepts de la géographie : territoires, perceptions, concentrations spatiales, réseaux... Avec un chapitre introductif intitulé "L'insécurité n'est pas fatale", Jean-Luc Besson démontre combien les processus de pauvreté, de violences et de marginalisation sont souvent manipulés, à travers la publication de chiffres "choc", et créent un syndrome de peur dans l'opinion publique sans que les questions ne soient résolues. Et son ouvrage repose sur une thèse présentant la cartographie comme outil pour comprendre les logiques de criminalité, les territoires où se concentrent les violences et les procédés pour enrayer ces processus. Chacune des méthodologies employant la cartographie comme outil d'analyse en criminologie, et ce tant dans les recherches françaises que dans les recherches anglo-saxonnes, sont ainsi analysées par l'auteur dans un ouvrage enrichi d'exemples précis et d'utilisations concrètes. Si l'ouvrage présente avant tout des méthodologies d'analyse, il en reste riche en réflexions et en pistes de réflexions. Un ouvrage qui date de 2004, mais qui mérite d'être (re)lu tant il est d'actualité au sein de débats politiques en cours. De quoi se faire sa propre opinion sur l'utilité ou non de la cartographie criminelle.

Les trafics dans les villes en guerre : éléments de réflexion géographique


Le lien entre les guerres et les trafics trouve son paroxysme en milieu urbain. La ville est un enjeu multiscalaire :

  • au coeur des voies d'acheminement des marchandises, elle est un carrefour pour les trafiquants et se transforme en plaque-tournante ouverte à d'autres destinations d'acheminement,
  • foyer de consommation de tous les trafics, elle devient une zone d' "écoulement" des "marchandises" (drogue, armes, médicaments, femmes, enfants, cigarettes...).

La déstabilisation (politique, économique, sociale et identitaire) qui règne pendant et après la guerre permet aux trafiquants d'asseoir leurs trafics dans des territoires urbains chaotiques dont ils prennent le contrôle. Ils deviennent même des acteurs de cette déstabilisation : la paix signifiant à terme un "retour à la normale" (gouvernance urbaine, souveraineté des autorités sur l'ensemble du territoire, rétablissement du maillage sécuritaire...), ils n'hésitent pas à financer des groupes armés ennemis afin de maintenir les violences et le désordre social. Ainsi, ils renforcent leur assise territoriale dans des zones de non-droit, dans lesquelles ils gèrent l'ordre, "dictent leurs lois", et se substituent à la souverainté étatique.



Les trafics de drogue et la guerre

Le lien entre guerre et drogue est souvent étudié. Mais il relève d'une complexité dans les échanges de marchandise, souvent ignorée par les médias : la guerre n'est pas toujours financée par la drogue, bien que celle-ci joue un rôle indéniable. La drogue peut à la fois être une arme, et une source de tensions. Une arme du fait des effets psychologiques qu'elle provoque sur le guerrier : pensons au cas des enfants-soldats, souvent stimulés par des prises de drogues dures, moins sensibles aux blessures et maintenus dans un état de soumission vis-à-vis du groupe armé qui les a embrigadés. Une source de tensions du fait des liens économiques entre la drogue et la guerre. A chacune des étapes de la diffusion des drogues (production, transformation, commercialisation), les marges bénéficiaires augmentent exponentiellement, devenant de plus en plus un produit à haut valeur ajoutée très convoité. Pour Alain Joxe (La planète des drogues), chaque étape est "un lieu d'accumulation du pouvoir, de la force militaire, car, quand il y a des surplus, on peut nourrir des soldats". Les groupes armés peuvent fabriquer et vendre de la drogue, mais elle peut aussi être un moyen de troc (contre des armes le plus souvent). Comme le montrent Pierre-Arnaud Chouvy et Laurent Laniel, les liens entre guerre et drogue dépendent de nombreux facteurs, tels que les particularités locales de la production et de la commercialisation et les enjeux différenciés des conflits. Et la drogue n'est pas forcément une cause de conflit, mais reste indéniablement un facteur déstabilisateur et contraignant pour le rétablissement de la paix, à cause de la prise de contrôle territorial de certains réseaux criminels sur des étendues ainsi transformées en "zones grises". "À travers ses liens avec l’économie de la guerre, l’économie de l’opium a donc eu un effet déstabilisateur certain dans l’histoire récente de l’Afghanistan et de la Birmanie. Mais si l’économie de l’opium a viabilisé la perpétuation des conflits afghans et birmans, elle ne les a toutefois pas causés et les crises politico-territoriales et économiques actuelles des deux pays n’en procèdent pas non plus, en tout cas pas directement. L’économie de l’opium n’a d’ailleurs pas seulement fourni un financement plus ou moins important à certains belligérants ; elle a aussi permis à une partie de la paysannerie des deux pays de survivre tant bien que mal lors de longues périodes de dépression économique." (Chouvy Pierre-Arnaud et Laniel Laurent, 2006, "Production agricole de drogues illicites et conflictualités intra-étatiques : Dimensions économiques et stratégiques", Les Cahiers de la sécurité, n°62, pp. 223-253).



De la petite délinquance aux réseaux criminels organisés

La ville en guerre est le théâtre de tous les niveaux de la criminalité. La délinquance est bien évidememnt liée à la pauvreté urbaine et au règne de la "débrouille" qu'instaure la situation de chaos. La guerre se surajoute à des processus de "violence ordinaire" inhérents à la concentration urbaine, aux écarts socio-spatiaux et à la marginalisation socio-culturelle de certains groupes... Le lien entre ville et délinquance est souvent "pointé du doigt" à propos de l'insécurité et des violences urbaines. Du fait de la paupérisation de nombreuses populations urbaines, de la dérégulation de l'ordre social et du maillage sécuritaire, et des problèmes d'approvisionnements (alimentation, eau, médicaments...), la guerre accentue ces processus de "petite délinquance" parmi la population civile. Les enfants sont particulièrement soumis à ce règne de la survie, ce qui se surajoute aux difficultés d'accès à l'éducation le temps de la guerre (et parfois bien après). Le problème de leurs traumatismes psychologiques et de leur réinsertion dans une ville régulée et soumise à l'ordre social est un enjeu primordial dans le processus de pacification. Le cas des enfants des rues est particulièrement préoccupant, du fait de leur marginalisation totale avec les règles de la société.

La criminalité organisée change d'échelle. La ville en guerre est une plaque-tournante au coeur de ces trafics. Maintenir le chaos dans la ville permet aux groupes criminels organisés en réseaux d'asseoir à long terme leur assise territoriale sans craindre le rétablissement de l'ordre social. Ils sont alors directement liés aux risques de résurgence des conflits. S'appuyant sur une petite délinquance développée pour développer leurs trafics au sein de la ville qui devient alors un débouché pour les marchandises, les réseaux criminels organisés se développent également à l'échelle mondiale, profitant des moyens de transport très variés qu'offrent la ville, dans un contexte où le contrôle des marchandises n'est pas une priorité pour les autorités. La ville par son étendue et la concentration des populations, et la guerre par la dérégulation de l'ordre social, augmentent les "facilités" pour les réseaux criminels de contrôler des territoires et de les transformer en zone de non-droit qui leur servent à la fois de zones d'acheminement et de zones de vente. La ville en guerre est alors soumise à des formes très diverses de criminalité : vols, rackets, trafics en tous genres, meurtres...



Géographie des trafics

De nombreuses pistes de réflexion s'ouvrent sur cette thématique aux géographes. L'occasion de souligner des travaux riches, tant dans les risques encourus que dans la pertinance des analyses. Le géographe Pierre-Arnaud Chouvy s'est spécialisé dans la géographie et la géopolitique de la drogue, tout particulièrement dans le Croissant d'Or et le Triangle d'Or. De ces hauts-lieux du trafic de drogue, il tire une analyse plus générale sur les réseaux criminels depuis les zones de production de l'opium, les zones de transit et les zones de consommation. Son site (déjà signalé), enrichi par des photographies commentées et de nombreuses cartes, propose des articles sur l'analyse locale et l'analyse mondiale, montrant ainsi le jeu des échelles pour ces réseaux implantés dans des espaces sous contrôle, et intégrés dans le processus de mondialisation. Dans la même optique, les travaux de Philippe Chassagne sur les trafics de drogue dans les Balkans permettent une mise en perspective du lien guerre/drogue dans le cadre d'une étude de cas. Il élargit depuis ses recherches à l'ensemble des trafics dans la question des Balkans, mettant ainsi en oeuvre une réflexion sur les processus spatiaux et économiques différenciés pour chacun des trafics dans un contexte identique, à travers une thèse soutenue en 2008 et intitulée "Les réseaux criminels des Balkans". Sur la question des drogues, on retrouvera également les travaux du sociologue Laurent Laniel et ceux d'Alain Labrousse.

Les travaux de Vanessa Simoni, portant sur le trafic des femmes, offrent une approche originale de la question des trafics - souvent "résumée" au cas particulier des drogues. Après des recherches sur le cas spécifique des Balkans (tout particulièrement à travers des recherches en Bosnie-Herzégovine et en Serbie et des enquêtes auprès des victimes), pour lequel le lien guerre/trafics est indéniable, elle poursuit aujourd'hui ses recherches dans le cadre d'une thèse plus théorique sur les réseaux et les impacts sociaux des trafics de femmes, à travers une analyse multiscalaire consacrée tant aux processus locaux qu'aux logiques mondialisées de ces trafics. Des recherches qui mêlent des séjours sur des terrains "producteurs" et une expérience professionnelle dans le cadre de l'Association "Le bus des femmes" auprès des victimes dans les zones "consommatrices". Sur la question de la prostitution, retrouvez également le compte-rendu du Café géo du 24 octobre 2006 entre Emmanuel Redoutey, Baptiste Coulmont et Marc Skerrett autour du sujet : "La planète du sexe : des réseaux de prostitution mondialisés aux sex shop du coin de la rue", ainsi que la réflexion de Gilles Fumey intitulée "Crimes et délits sexuels en carte".



Les pistes de recherche qui s'offrent aux géographes dans ce domaine sont encore très nombreuses. Déjà, dans un article paru dans la , intitulé "Aperçu géographique sur la criminalité et la délinquance en France", Roger Benjamin constate que "les travaux de géographie criminelle sont rares" (Revue Française de Sociologie, 1962, volume III, pp. 301-324). Depuis, la géographie criminelle et la géographie de la criminalité ont accueilli des études d'une grande qualité. Soulignons ici les difficultés inhérentes à ce type de recherches et le courage de ceux qui les mènent.

lundi 29 septembre 2008

La ville africaine en images


De retour d'un séjour de recherches à Abidjan, voici quelques éléments pour comprendre la ville africaine entre stéréotypes et réalités. Petit test que j'ai réalisé auprès d'étudiants de 2ème année de licence de géographie, à partir de photographies d'Abidjan.


Le Plateau à Abidjan (crédits photographiques : TRATNJEK Bénédicte)



1ère image : Le Plateau, le CBD (central business district, ou quartier des affaires), quartier reconnaissable parmi tous, et ce dans toutes les villes du monde. Jusque-là les étudiants n'ont aucune difficulté. Description des points communs et des spécificités de ce CBD avec ceux que les étudiants connaissent (soit parce qu'ils font partie d'un imaginaire collectif, soit parce qu'ils se souviennent les avoir étudiés lors de leur cursus secondaire et universitaire. Les étudiants semblent "rassurés" : il s'agit là d'une forme morphologique facilement identifiable, dont la fonction est claire, et dont le paysage urbain reprend des formes connues (à noter, on commence à aborder le CBD, à analyser sa morphologie et sa fonction au sein des villes dès la 6ème ; les étudiants sont donc entraînés à analyser cette forme urbaine depuis longtemps).



Une rue à Yopougon (crédits photographiques : TRATNJEK Bénédicte)



2ème image :
Volontairement, une 2ème image qui contraste avec cette image d'un CBD attractif. Instinctivement, les étudiants identifient ce quartier comme un "bidonville". Un instinct formaté par des préjugés ? La réponse tombe : "non, ce n'est pas un bidonville, et vous allez me montrer pourquoi". A y regarder plus attentivement, les étudiants distinguent au premier plan une route en béton, l'habitat en dur, l'électrivité courante (visible par la présence des poteaux électriques et des fils qui traversent l'arrière-plan). Certes, les équipements sont modestes, et la route au second plan est très abîmée, mais tous ces équipement relèvent d'un habitat légalisé, autour d'un espace public réglementé, avec des équipements urbains signes de la présence d'une gouvernance urbaine, même si les investissements en infrastructures sont ici très limités. Très rapidement, la discussion prend un autre tournant : il s'agit bien là d'un quartier populaire, que l'on ne peut qualifier de bidonville.


Un bidonville à Adjamé (crédits photographiques : TRATNJEK Bénédicte)



3ème image : Parce que le bidonville répond à une logique d'habitat dit "spontané" et "illégal", que les autorités administratives ne reconnaissent pas, et qui n'ont ainsi pas accès aux infrastructures. Pour accentuer cette démonstration, une 3ème image est présentée, justement celle d'un bidonville à Abidjan. Comme l'a très justement remarqué la géographe Catherine Fournet-Guérin, lors des dix ans des Cafés géo, "la ville africaine, ce n'est pas que la misère, la guerre ou les enfants des rues". Et d'appuyer sa démonstration sur des scènes quotidiennes de ces quartiers populaires, pleins de vie, et caractérisés notamment par des liens sociaux forts fondés sur la solidarité. Il ne s'agit pas là de sous-estimer la dureté des conditions de vie, les risques alimentaires et sociaux, la prégnance de certaines maladies, ni même l'existence des bidonvilles ! Mais plutôt de nuancer l'image de la ville africaine : il n'y a pas seulement d'un côté un quartier très aisé relié à un CBD et de l'autre côté les bidonvilles. L'organisation socio-spatiale de la ville africaine ne représente pas seulement un schéma complexe dans les manuels scolaires, mais montre bien à quel point nous pouvons avoir une image tronquée et partielle de la vie en Afrique, tout particulièrement dans ses villes. S'il ne faut pas sous-estimer les problèmes et les dangers des villes, il ne faut pas non plus simplifier à l'extrême son organisation et son fonctionnement en négligeant l'étude des quartiers populaires. C'est justement "passer à côté" des réels enjeux et des foyers de tension. Les bidonvilles ne couvrent pas la majorité de l'étendue urbaine en Afrique ! Mais, les images préjugées ont la vie dure en ce qui concerne l'Afrique. Les professeurs du secondaire doivent souvent y faire face. Quelques anecdotes m'ont été racontées par des professeurs en collège (qu'ils en soient remerciés), révélatrices de la perception qu'ont ces futurs citoyens de ce continent, comme réduite à la seule misère : "si je vivais en Afrique, mes parents seraient millionnaires, avec le même métier" (élève de 5ème). Fruit d'une naïveté et d'images télévisées centrant sur la misère, la vision qu'a le jeune collégien de la ville africaine, et même de l'Afrique en général, doit être reformée attentivement par les professeurs d'histoire-géographie pour lui montrer la diversité des situations et l'amener à sortir de la caricature. L'occasion de signaler (une fois de plus) la grande pertinence et l'approche originale, pratique et agréable (par fiches thématiques, avec une écriture claire) de l'ouvrage L'Afrique des idées reçues.

jeudi 4 septembre 2008

Géographes de terrain


A quelques heures d'un départ pour Abidjan (ici, une image du quartier de Yopougon), dans le cadre de recherches sur le "terrain" (annonçant ainsi une brève "mise en sommeil" du blog, le temps de ce séjour), voici un petit cadre sur la place du terrain dans les analyses géographiques. La géographie ne se pratique pas seulement sur les bancs de la fac ou dans les bibliothèques, et ne se résume pas à une production de cartes (les cartographes étant d'ailleurs de bien meilleurs spécialistes), loin de là ! L'une des forces de cette discipline relève des études faites sur le terrain. En juin dernier, l'université d'Arras a d'ailleurs organisé un colloque "A travers l'espace de la méthode : les dimensions du terrain en géographie" qui a regroupé des géographes aux spécialités diverses afin de confronter leurs points de vue sur la place du terrain en géographie. Le terrain est d'ailleurs une pratique pédagogique de plus en plus solicitée par les élèves du secondaire, qui leur permet d'aborder la géographie comme un moyen de compréhension de l'espace qui les entourent, et de sortir d'une image vieillote d'une discipline renfermée sur des données physiques ou chiffrées pays par pays. L'occasion pour vous parler du site Doc2Géo présentant des contributions vidéos de géographes, qui proposent leur analyse et leur regard à travers les images des paysages qu'ils étudients. Retrouvez, par exemple, un film de 45 minutes présentant les enjeux du partage et du contrôle des eaux du Nil. Le terrain du géographe n'est pas celui du journaliste : il s'agit ici d'un travail minutieux, basé sur des méthodes scientifiques (échantillonage des populations interrogées, des zones étudiées...), qui permettent d'appréhender les conditions de vie, les processus de ségrégation et fragmentation, les tensions politiques, économiques, sociales, identitaires... Et parfois des "bricolages" entre la méthode purement rationnelle et la réalité de son application dans des terrains difficiles d'accès. Cette passion du terrain a amené les géographes a apporté des connaissances solides et incontestablement intéressantes sur des pays encore à découvrir : le Turkménistan, la République démocratique du Congo, les zones rurales brésiliennes, les terres maories de Nouvelle-Zélande... Le terrain participe d'un certain exotisme, mais le géographe ne se contente pas pour autant de ramener de jolies photographies à l'image de revues telles que le National Geographic, mais il analyse les relations entre l'homme et son espace. Ainsi, le terrain permet à la géographie politique de se distinguer des autres sciences politiques ou relations internationales, en mettant l'accent sur le lien entre territoires et conflits, et en prenant la mesure du "vivre la guerre". Les géographes ont un savoir-faire à ne pas négliger !

Le lien guerre / médias


Comme à chaque nouveau conflit, le lien entre les médias et la guerre est attentivement examiné. Vecteurs possibles de propagande (on retiendra ici le célèbre exemple de Niazov, l'ancien Président du Turkménistan), les médias peuvent, à l'opposé, être critiqués pour une trop grande liberté de paroles et d'images. Le mois d'août 2008 en a été une preuve flagrante, relançant ce débat, avec d'une part les 10 soldats français morts dans une embuscade en Afghanistan, et d'autre part le déclenchement de la guerre en Ossétie du Sud. Ces débats m'ont déjà inspiré un commentaire sur les images diffusées dans les médias sur la ville de Mitrovica, depuis l'arrêt du conflit du Kosovo. Les mots et les images proposés par nos médias ont un sens et "formatent" l'appréhension que nous avons des relations internationales, tout particulièrement dans des cas de violence exacerbée. Les médias ont un rôle indéniable qui a été analysé à de nombreuses reprises. Il ne s'agit pas ici d'être exhaustifs, mais de présenter quelques pistes de réflexion sur le lien entre médias et géographie politique. Si la guerre du Golfe a été l'occasion de nombreux travaux sur le lien entre médias et déontologie, sur l'analyse de la "guerre en direct" et ses limites, la question des médias comme vecteurs de tensions ou acteurs de la paix se pose plus que jamais. La question n'est pas seulement de savoir si les médias ont accès à toutes les informations, comme ce fut le cas pour la guerre du Golfe, mais également de savoir si à travers leur sélection d'images, ils ne conditionnent pas une perception pré-établie des conflits. Malgré la neutralité déontologique et la liberté de la presse dans nos pays (pas toujours établie, mais en supposant qu'elle le soit, les problèmes ne sont pas pour autant résolus !), il ne faut pas oublier qu'une vidéo télévisée ou une galerie de photographies est, comme tout document produit par l'homme (notamment en cartographie), l'illustration d'un message, d'une vision, d'une lecture particulière des événements.




"L'opinion, ça se travaille"

Dominique Vidal parle d'une "émotion enrôlée" dans le cas de la guerre du Kosovo (L'Humanité, 2 juin 2000). Ces termes forts ont été le point de départ du livre qu'il a co-écrit avec Serge Halimi : "L'opinion, ça se travaille..." Les médias & les "guerres justes". Du Kosovo à l'Afghanistan (2000, Editions Agone, Marseille, 153 pages). La guerre du Kosovo a été l'objet de nombreuses réflexions sur le lien entre des médias qui s'arguaient de prendre des distances avec les rapports officiels, et les impacts concrets de leurs images et des mots qui leur étaient associés. Pour Vidal et Halimi, "l'émotion a submergé les téléspectateurs au point d'endormir à la fois prudence et sens critique" (op. cit., p. 6). Rappel sur nos télévisions et nos journaux : les Français découvraient des images de réfugiés quittant le Kosovo, fuyant "l'oppresseur serbe", avec d'autant plus de vigueur que les souvenirs de la guerre de Bosnie-Herzégovine et de ses 4 années d'exactions étaient encore marqués dans les esprits. L'opinion publique s'est vue submergée par une presse dénonçant les rapports de l'OTAN, montrant des drames familiaux et des camps de réfugiés pleins. La liberté de la presse a certes été respectée, contrairement au traitement médiatique de la guerre du Golfe. Pourtant, les médias n'ont pas été à l'abri des critiques face à leur traitement de l'information lors de ce conflit. La principale est d'avoir participé au processus de diabolisation de Milosevic, et donc d'avoir consacré le peuple serbe comme "le méchant" (s'appuyant là sur un discours médiatique déjà ancré lors de la guerre de Bosnie-Herzégovine). Les conséquences se perçoivent aujourd'hui : les Serbes de Bosnie n'ont pas bénéficié de l'aide humanitaire internationale consacrée à l'effort de reconstruction, contrairement aux Bosniaques et aux Croates. Les différences entre la Fédération croato-bosniaque et la Republika Srprska frappent aujourd'hui le regard de tout promeneur par leur contraste en termes de développement et de conditions de vie. Or, l'Histoire a démontré combien il est dangereux de diaboliser un peuple et de faire un amalgame entre la population et quelques-uns de ses dirigeants, notamment dans le risque de radicalisation de cette même population à force d'être montrée comme "l'ennemi" !



Manipulation et silences des médias

Force est de constater que les médias n'ont pas toujours accès à la liberté de parole ou à des informations fiables, tout particulièrement dans le cas sensible de conflits ouverts. L'exemple des médias russes dans le traitement de la guerre d'Ossétie du Sud est à cet égard frappant. La liberté de la presse n'est pas respectée dans tous les pays du monde, et les médias extérieurs n'ont pas toujours accès au "terrain". Ce point est établi, personne ne le conteste. Néanmoins, les médias ont leur part dans le traitement de l'information : les Russes sont par exemple choqués de la façon dont les médias occidentaux ont présenté, avec parti pris à leur égard, leur participation dans la guerre d'Ossétie du Sud. Les "silences" des médias sont aussi intéressants. Bien évidemment, les médias doivent vendre, c'est leur raison d'exister pour pouvoir continuer à diffuser l'information. Et ce qui se vend le plus, reste le sensationnel. L'opinion publique a donc indirectement contribué, par son attrait pour le sensationnel, à développer des médias qui favoriseront des photos "choc", quitte à tronquer et formater la perception des événements. Le cas de l'Afghanistan nous l'a encore démontré ces derniers jours : la mort de 10 militaires français dans une embuscade à 50 km de Kaboul a été surmédiatisée (depuis les 1ères images jusqu'à la détresse des proches). Pourtant, qu'a-t-on réellement appris de ce qui se passait en Afghanistan depuis le début de cette intervention ? On voit des images "choc", on entend parler de débat politique sur la présence française dans ce pays, mais force est de constater que l'on nous parle de l'Afghanistan que lors d'événements dramatiques. Il ne s'agit absolument de sous-estimer le drame qui est arrivé, ou même tous ceux qui ont déjà été oubliés (comme noyés dans les événements), mais de montrer que les médias sélectionnent les informations et passent sous silence de nombreux points qui concernent ce pays (par exemple, on n'entend parler des ONG en Afghanistan qu lors d'enlèvements de l'un de leurs membres), et qu'il faut avoir un regard critique, un recul vis-à-vis de ces événements. De nombreuses tensions géopolitiques sont nées dans l'oubli des médias, avant d'aboutir à des massacres, devenus plus médiatiques (pensons au Darfour, longtemps laissé à l'oubli, malgré la mise en place d'un nettoyage ethnique).



N'oublions pas notre sens critique vis-à-vis d'images visant à toucher notre sensibilité (et de ce fait à "consommer" tel ou tel média plutôt que le concurrent) ! Quelques sites qui peuvent contribuer à confronter les informations médiatiques à votre sens critique :

mercredi 3 septembre 2008

Des colloques en perspective


La rentrée universitaire approche, et avec elle son lot de manifestations scientifiques. En voici quelques-unes qui peuvent intéresser tout ceux que la géographie politique et l'analyse des conflits intéressent :
  • déjà signalé, le sujet du FIG (Festival international de géographie) regroupera des géographes ainsi que des chercheurs provenant d'autres disciplines sur la question "Entre guerres et conflits : la planète sous tension". Le programme a l'air alléchant, et comme chaque année, le choix entre les différentes conférences va être difficile.
  • "Guerre et conflits dans l'Himalaya ? Une géopolitique de haute altitude" : un café géo au café de Flore (172 boulevard Saint-Germain, Paris 6ème arrondissement) le 30 septembre, pour fêter la rentrée des Cafés géo et inaugurer la thématique du FIG, avec Pierre Gentelle, Olivier Weber, Frédéric Encel et Christian Perret.
  • Colloque "Sortie(s) de crise", les 27 et 28 novembre, à la Maison des Sciences de l’Homme et des Sociétés de l’Université de Poitiers (l'appel à communication étant en cours, le programme sera diffusé ultérieurement).


Et comme chaque année, des manifestations régulières (dont les programmes se font attendre en ce début septembre, mais ne devraient tarder) : les forums du C2SD (Centre de Sciences Sociales de la Défense), les commissions du CEHD (Centre d'études d'histoire de la Défense), les lundis de l'IHEDN (Institut des hautes études de Défense nationale), les cafés géopolitiques.


Le pont de Mitrovica : violences et médiatisation au Kosovo


Le pont de Mitrovica est devenu un symbole fortement médiatisé. Le lien entre médias et guerre mérite d'être analysé : les images qu'ils nous transmettent, les informations qu'ils nous procurent "formatent" notre perception des conflits. Dans le cas de Mitrovica, le pont a été une image récurrente, symbole à la fois de la division de la ville et de l'action militaire de l'OTAN. Tout comme les cartes, les images portent en elles un discours : le fait même de focaliser l'attention sur un lieu (ou d'en ignorer un autre) reflète la perception de l'auteur du discours et son intention. Difficile aujourd'hui d'ignorer la ville de Mitrovica et son célèbre pont. D'ailleurs, il est intéressant de signaler qu'il existe 2 ponts dans cette ville : l'un au coeur de la ville, l'autre à l'Est. Ces 2 ponts traversent la rivière Ibar, cette frontière vécue qui sépare les quartiers serbe au Nord et albanais au Sud. Ces 2 ponts marquent des espaces pratiqués différenciés et le peu d'échanges qui existent entre les 2 quartiers. Et pourtant, on ne parle dans le discours médiatique que d'un seul pont : LE pont de Mitrovica. Maurice Pergnier, professeur de linguistique parle ainsi de "géographie sacrée", montrant combien les noms de lieux jusque-là inconnus ont été chargés de valeurs érigées comme immuables dans le conflit (PERGNIER, Maurice, 2002, Mots en guerre. Discours médiatique et conflits balkaniques, L'Age d'Homme, collection Mobiles politiques, Lausanne, 165 pages). Analyse de quelques images et des mots qui leur sont associés dans la presse.




Le pont : symbole de la division

Une photographie parue dans le journal gratuit 20 minutes le 11 mai 2008. Quelques mois après l'indépendance, le journal fait le point sur la situation à Mitrovica. Un titre : "Mitrovica, une ville divisée que seule la résignation rassemble". La photographie s'insère dans ce discours : "Le pont sur l'Ibar, qui sépare Mitrovica nord et sud". La récurrence du pont comme symbole de la division est prégnante dans cet article, comme de nombreux autres. Aujourd'hui, les journalistes le montrent comme un point de passage ouvert, en plein centre-ville, mais qui paradoxalement est désert. Une image forte pour montrer l'entre-soi communataire, dans une ville où Serbes et Albanais s'enferment dans leur quartier, de sorte à transformer leur espace de vie en 2 villes plutôt qu'une.





Le pont : symbole des violences


L'image du pont est aussi associée aux nombreuses manifestations qui opposent Serbes et Albanais dans la ville. Ce simple point de passage est ainsi devenu un haut-lieu de la contestation, de la violence et de l'intolérance vis-à-vis de "l'Autre". Ici, la photographie illustre une manifestation du mois de juin 2008, où des Serbes tentent de traverser le pont (Le Point, 23 juin 2008). Car, si le pont est désert ou quasiment, la plupart du temps, les médias nous le montrent le plus souvent comme le point focal des émeutes, des violences. Il s'agit alors de traverser le pont, comme un geste symbolique. Les médias nous montrent de façon récurrente ce type d'images, focalisant leur attention sur les mouvements de manifestations et de violences, se préoccupant peu du pont le reste du temps, amenant ainsi l'image fortement ancrée dans l'esprit du lecteur/téléspectateur d'un pont symbole de violences et d'intolérance. A l'opposé, les efforts des différentes ONG pour créer des rencontres intercommunautaires ne sont, quant à eux, rarement soulignés dans les médias, et les images sont peu nombreuses (par exemple, l'ONG Sports sans frontières qui met en place des rencontres de football entre enfants albanais et serbes). L'attention est portée sur les violences, reflétant ainsi une image du pont comme un haut-lieu d'une géographie de la peur et de la haine, dotée d'un certain fatalisme quant à la situation. Non pas que ce symbole soit dénué de sens (loin de là !), mais le lecteur/téléspectateur n'est pas "autorisé" à percevoir d'autres symboles.




Le pont : symbole de l'action de la communauté internationale

Le pont est le symbole de l'action de la communauté internationale, et ce à double titre. D'une part, le pont reflète l'effort de sécurisation, de maintien de l'ordre et de pacification entrepris par la communauté internationale depuis 1999. Les images sont fortes et chargées de symboles : les militaires de la KFOR, les policiers de la MINUK sont régulièrement montrés défendant par la force le pont et maintenant chaque communauté dans son quartier pour rétablir l'ordre. Ces images. Ces images montrent au public d'une part l'intérêt de la mission de maintien de la paix au Kosovo (sur cette photographie comme sur la plupart des photographies officielles, souvent diffusées par la presse, le ministère de la défense met en valeur ce type d'images montrant la force militaire contenant la violence à Mitrovica, et assurant ainsi la pérennité de la pays pour le Kosovo) .

Autre symbole, mis en avant temporairement par la communauté internationale, puis "oublié" (ou du moins relégué dans les archives de la presse) du fait de son échec, celui de la communauté internationale reconstruisant le pont comme "symbole de la réconciliation au Kosovo". Le pont était, avant sa reconstruction, d'apparence très sommaire. On le voit ici mis en ligne par le site présentant l'action de la KFOR française, dans un article intitulé "Le pont de Mitrovica, monument dédié à l'avenir de la cité", dans lequel les photographies du pont avant et après sa reconstruction mettent en valeur cette volonté d'implanter un géosymbole au coeur de cette ville, afin de réunir ses 2 quartiers. Auparavant, il ne s'agissait que d'un point de passage, son aspect architectural n'avait aucune importance pour des populations préférant l'entre-soi communutaire, et une sorte de tolérance tant que chacun restait dans son quartier. Le pont a été reconstruit par la communauté international, avec une architecture démesurée et qui donne à ce pont son caractère paradoxal. Lumières bleues, arches gigantesques, le pont devait être le symbole de la réconciliation en devenant une voie de communication utilisée pour relier les quartiers de Mitrovica, et ainsi les aires de peuplement serbe au Nord et albanais au Sud du Kosovo.



PONT ET SYMBOLES : Force est de constater que les images qui nous sont offertes ont peu changé depuis la fin de la guerre du Kosovo. Depuis bientôt 10 ans, l'opinion publique voit des images d'un pont où se manifeste la violence, l'intolérance et la division de la ville. Les images de 2000 ou celles d'aujourd'hui semblent se ressembler trait pour trait. Mitrovica, un pont, la violence entre des populations. Les médias participent donc d'une perception que l'opinion publique retient de cette ville divisée.
LIENS VERS LE SITE "GEOGRAPHIE DE LA VILLE EN GUERRE" :

mardi 2 septembre 2008

Les "points chauds" du mois d'août 2008


L'arrivée du mois de septembre est l'occasion de faire un bilan quant aux événements géopolitiques qui ont fait l'objet d'une attention plus ou moins vive lors du mois dernier. Force est de constater que le mois d'août a été particulièrement sécoué par des attentats, des coups d'Etat, des guerres ou affrontements, et ce à travers le monde. Une liste (loin d'être exhaustive) présentant les principaux événements de crise ou de guerre sur des théâtres particulièrement tendus. Ce "bilan" cherche à présenter une cartographie des espaces sous tension pour le mois d'août.


Moyen-Orient

LIBAN :

Caucase

OSSETIE DU SUD :


Asie centrale

AFGHANISTAN :

AFGHANISTAN / PAKISTAN :

combats dans la province de Zabul le 28 août

PAKISTAN :


Asie

PHILIPPINES :

affrontements le 17 août et les jours suivants dans l'île de Mindanao contre les rebelles


Maghreb

ALGERIE :

Recrudescence des attentats-suicides dans la région montagneuse de Kabylie

Afrique subsaharienne

MAURITANIE :

coup d'Etat militaire le 6 août

SOUDAN / DARFOUR :

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO (RDC) :
affrontements entre l'armée congolaise et le CNDP de Laurent Nkunda à Kanombe (dans le territoire de Rutshuru) fin août


Europe :

KOSOVO :

affrontements (batailles de pierres) à Mitrovica entre Albanais du Kosovo et Serbes du Kosovo à Mitrovica le 28 août


Des sites et des blogs de géographie


C'est la rentrée pour les scolaires et leurs professeurs ! L'occasion de faire le point sur quelques sites et des blogs de géographie.



Collège et lycée

Les professeurs de collège et de lycée sont particulièrement actifs sur la toile, et sont de plus en plus nombreux à fournir des compléments à leurs cours par le biais de blogs pédagogiques. Loin d'être exclusivement destinés à leurs élèves, ces blogs peuvent être des ressources pour tout élève, étudiant, professeur ou curieux.
  • les blogs de M. Augris, professeur au lycée André Malraux de Remiremont (88), sont particulièrement complets et offrent de nombreux documents (analyses, chronologies, dossiers, points méthodologiques...). Son originalité provient des nombreuses ressources en bandes dessinées historiques, critiques de films portant sur des thèmes historiques ou géographiques, analyses de chansons engagées sur le plan politique et de leurs impacts...
  • le blog de Richard Tribouilly, professeur au lycée Portes de l'Oisans à Vizille (38), a une démarche similaire dans les ressources utilisées et les nombreuses analyses, notamment en géopolitique et géographie du monde contemporain (par exemple, une analyse détaillée et fortement illustrée sur la situation caucasienne).



Les sites personels des universitaires

Les universitaires sont de plus en plus nombreux à utiliser Internet pour diffuser leurs publications, analyses, documents... Alors que certaines revues sont peu accessibles, ces sites ont le mérite de mettre des articles à disposition du plus grand nombre. Loin de présenter ici une liste exhaustive, en voici quelques-uns qui s'intéressent aux questions de géographie politique, urbaine et culturelle.

  • Geopium : le site de Pierre-Arnaud CHOUVY, spécialiste des questions de géographie et de géopolitique des drogues. Un site particulièrement bien conçu, agréable à visiter, très riches en articles de l'auteur, en cartes d'une grande rigueur, et en photographies commentées. Une ressource incontournable pour tous ceux qui s'intéressent à la question des drogues, et ce à différentes échelles, avec des analyses locales, régionales et mondiales. Retrouvez d'ailleurs une liste très complète des sites des géographes français.



Des sites thématiques

  • Les Cafés géo : les comptes-rendus des nombreux cafés géo qui ont lieu aux quatre coins de la France, offrant la possibilité de retrouver les analyses proposées par chacune des manifestation et les débats qui s'en sont suivis. Un moteur de recherche facilite l'utilisation de ce site, désormais enrichi de rubriques qui offrent des analyses sur des événements, des faits de société... sous un regard géographique. A noter le programme des Cafés géo, dans de nombreuses villes de France, avec au menu des soirées autour d'une bière, d'un jus d'orange ou d'un café, qui permettent de rencontrer, discuter et appréhender avec un regard détendu la géographie.
  • Le Dessous des cartes : l'émission a mis en ligne un moteur de recherches permettant de retrouver les dernières émissions (depuis 2005), à travers les cartes proposées chaque semaine agrémentées des commentaires de Jean-Christophe Victor. De nombreuses émissions ont des sujets géopolitiques.
  • Clio-photo : des ressources photographiques en ligne, avec des commentaires, qui permettent de visualiser, comprendre et illustrer des cours ou des dossiers, triées par aires géographiques et par thématiques. On peut déplorer que le site en semble pas avoir accepter de nouvelles photographies depuis quelques temps déjà. Un blog complète ce site, fournissant des ressources visant particulièrement les professeurs du secondaire.



Des revues en ligne

Si certaines revues se cantonnent aux bibliothèques, force est de constater qu'elles sont de plus en plus nombreuses à opter pour le format interactif, afin de contrecarrer les normes éditoriales et les complications qui s'en suivent.

  • Mappemonde : une revue qui a opté depuis 2004 pour le format Internet. Cette revue se démarque par ces nombreuses illustrations en couleur (ce qui était déjà une caractéristique du format papier), et pour certaines animées. A noter le dossier consacré au Liban/Syrie. Retrouvez également les anciens numéros de la revue entre 1988 et 2003.
  • Les annales de la recherche urbaine : chaque numéro présente une thématique sur les différentes problémtiques de la ville. Quelques numéros intéressent la géopolitique de la ville, et un numéro est tout à fait remarquable pour ce blog : "Villes et guerres" (N°91, décembre 2001), avec des analyses locales sur Beyrouth, Sarajevo, Belfast, les villes palestiniennes, Brazzaville, les villes du Nigeria... A noter une autre revue en ligne portant sur la thématique des villes et de la métropolisation : Métropoles.