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samedi 27 décembre 2008

Abidjan en bande dessinée


La bande dessinée Aya de Yopougon (pour l'instant 4 tomes, le 1er tome a reçu prix du 1er album au festival d'Angoulême en 2006) nous plonge dans la ville d'Abidjan à la fin des années 1970. L'occasion de faire de l'histoire et de la géographie. Aya est une jeune abidjanaise de 19 ans vivant dans le quartier populaire de Yopougon. Marguerite Abouet (auteur de la BD) a grandi à Abidjan avant de venir en France, et nous livre une bande dessinée entre souvenirs, documentations et fictions sur la ville de son enfance, sous le trait de Clément Oubrerie (également dessinateur de Zazie dans le métro). L'histoire est centrée sur Aya, ses ambitions de devenir médecin, sa famille, ses amis et leur quotidien dans le quartier de Yopougon en voie de modernisation. "Dans les années 1970, la vie était douce en Côte d'Ivoire. Il y avait du travail, les hôpitaux étaient équipés et l'école était obligatoire. J'ai eu la chance de connaître cette époque insouciante, où les jeunes n'avaient pas à choisir leur camp trop vite, et ne se préoccupaient que de la vie courante: les études, les parents, les amours… Et c'est cela que je veux raconter dans Aya, une Afrique sans les clichés de la guerre et de la famine, cette Afrique qui subsiste malgré tout car, comme on dit chez nous, 'la vie continue'..." (Marguerite Abouet).


La bande dessinée est donc l'occasion de faire de l'histoire : présenter le "miracle ivoirien" et ses conséquences sur le quotidien des Abidjanais à travers les personnages (le père d'Aya, son patron, son ami garagiste...). L'accès à de meilleures conditions de vie pour toute une partie de la population abidjanaise et à un confort plus grand, l'émergence de nouvelles questions sociales et sociétales (notamment autour de la place de la femme, à travers les problèmes liés à l'émancipation revendiquée, la place des secondes épouses, le rôle de la femme au foyer, l'accès aux études supérieures...). L'occasion également de faire de la géographie, et ce à plusieurs titres. Géographie politique : on est là à la veille de la crise économique en Côte d'Ivoire et de l'émergence de nombreux facteurs de tensions entre les communautés, les partis politiques et les classes sociales qui vont déchirer la Côte d'Ivoire dès 1999. Etude de paysages urbains à travers des hauts-lieux de la ville d'Abidjan : le quartier populaire de Yopougon (véritable géosymbole de la croissance urbaine et économique d'Abidjan dans les années 1970), l'hôtel Ivoire (aujourd'hui célèbre pour les violences de novembre 2004, mais également véritable haut-lieu du luxe et de la prospérité de la ville d'Abidjan et symbole de la croissance économique au moment du "miracle ivoirien")... On découvre l'habitat sur cours, la place de la rue dans la vie sociale, "l'arbre à palabre". Géographie sociale également : les lieux pratiqués et fréquentés par les différentes classes sociales, leurs mobilités, le rôle du village dans les décisions familiales, le rôle de la famille dans l'accueil de parents éloignés en ville, l'émergence d'une classe moyenne, les relations entre les sexes... Géographie culturelle : la place de la danse et de la musique, de la nourriture et du partage du repas... Géographie des migrations avec les espoirs de ceux qui veulent partir et le parcours de ceux qui s'en vont en France. Aya de Yopougon place le lecteur au coeur de l'imaginaire et du subjectif de ses auteurs, mais reste instructif à analyser en tant que témoignage et discours portés sur la ville d'Abidjan, et tout particulièrement dans le quartier de Yopougon, sur ses populations, leurs espaces fréquentés, leurs territoires du quotidien et leurs mobilités...


Une chronologie de la Côte d'Ivoire (avec des liens vers des articles présentant les événements en question).




Clément Oubrerie au festival de la bande dessinée à Angoulême en 2006

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour cette référence, moi qui aime bien lire des bandes dessinées, je regarderai ça à l'occasion.

Joyeux Noël et bonnes fêtes !
Stéphane Mantoux.