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dimanche 28 août 2011

"Carte postale du cimetière serbe de Mitrovica"


"Au premier plan de la photographie, apparaissent des tombes « cassées ». Très étonnant, de prime abord, pour un espace de la mort, les tombes au sol sont nombreuses lorsque l’on se promène dans ce cimetière. Abandon ou destruction ? A Mitrovicë/Kosovska Mitrovica, le doute n’est pas permis : la ruine relève, ici, de l’affrontement inter-communautaire qui a opposé les deux populations majoritaires de la ville depuis la période de répression serbe menée par Slobodan Milosevic dans les années 1990, fondée sur une dispute territoriale qui a trouvé son paroxysme lors de la guerre du Kosovo en 1999. La destruction du cimetière serbe a été orchestrée, ritualisée, et mise en visibilité. Elle s’est poursuivie par-delà le temps de la guerre : par exemple, une grande partie des tombes a été (re)détruite lors des pogroms des 17 et 18 mars 2004, menés contre le patrimoine serbe. Le paysage qui nous est donné à voir, sur cette photographie, relève de l’urbicide : la ruine n’est pas le résultat d’une ligne de front « aléatoire » qui aurait pris place dans le cimetière, mais bien d’une logique de « violence choisie ». Or la proximité des populations et l’existence d’espaces de rencontres (même relatifs) sont des points essentiels de l’urbanité. La destruction des tombes et de l’église orthodoxe dans le cimetière serbe du Sud de Mitrovicë/Kosovska Mitrovica souligne l’appropriation de ce « quartier-territoire » par les Albanais du fait de la mise en visibilité d’une « géographie de la peur » en orchestrant la destruction comme message à la fois du rejet de « l’Autre » et du rejet de l’urbanité comme productrice de proximités. Le paysage de ruines devient alors un vecteur de messages politiques extrémistes."




Source du texte: Bénédicte Tratnjek, 2011, "Carte postale du cimetière serbe de Mitrovicë/Kosovska Mitrovica (Kosovo)", Cafés géographiques, rubrique Cartes postales du monde, 28 août 2011, en ligne : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2242



A propos des espaces de la mort à Mitrovica :
  • "Les espaces de la mort à Mitrovica (Kosovo) : des géosymboles de la lutte identitaire", dans "Les espaces de la mort", Cahiers ADES, n°4, mars 2010, pp. 105-115.



samedi 27 août 2011

Webdocumentaire : "Afghanistan, 10 ans, 100 regards"


Un webdocumentaire sur l'Afghanistan :
Parallèlement aux émissions consacrées à l' "Afghanistan, une route de soi" sur France Culture (que l'on avait annoncé sans trop d'informations et qui révèlent passionnantes), Arte  propose à partir du 3 octobre 2011 un webdocumentaire sur l' "Afghanistan, 10 ans, 100 regards". Si les débats sur le retrait des troupes françaises d'Afghanistan est un enjeu politique et électoral, il semble plus que jamais nécessaire de comprendre la vie quotidienne dans ce pays dont on ne sait toujours que peu de choses.

Source : Arte reportage.



Des compléments en ligne :
A ce propos, on se reportera aux travaux du groupe URD (Urgence Réhabilitation Développement) qui, en plus de son travail humanitaire dans les villes afghanes, produit de nombreuses analyses sur l'Afghanistan (par exemple une étude très complète sur la ville de Mazra el-Sharif proposée par l'urbaniste Béatrice Boyer). On en reparlera dès que possible.


Présentation du webdocumentaire par Arte :
"8 octobre 2001. La coalition anglo-américaine déclenche la guerre d’Afghanistan, en représailles aux attentats du 11-septembre. Cinq semaines plus tard, le régime taliban est renversé mais depuis, le conflit n’en finit plus de s’enliser. En octobre et novembre 2011, le webdocumentaire "Afghanistan, 10 ans, 100 regards" revient sur cette décennie de conflit.

Mis en ligne quotidiennement à compter du 3 octobre, les cent modules du web-documentaire se répartissent en dix univers thématiques, sous forme de reportages (dix ans d’ARTE Reportage, dix portraits d’exilés afghans), detémoignages (dix regards d’Afghans sur leur pays, dix témoins du conflit, dix photographes de presse, dix autres façons de voir l'Afghanistan), d’analyses (dix questions sur le conflit à des experts internationaux, dix dessinateurs de presse du monde entier) et de repèresscientifiques, géopolitiques et culturels (chronologies historiques, cartes animées, découverte de la culture afghane). Vidéos, images, diaporamas sonores, animations interactives... "Afghanistan, 10 ans, 100 regards" se veut résolument multimédia. 

Disponible en trois langues - français, allemand, anglais -, le webdocumentaire repose sur la dualité, la complémentarité du regard des Afghans (autochtones et exilés) d’une part, de celui des observateurs étrangers (journalistes, diplomates, historiens, médecins, militaires...) d’autre part. Clé de voûte de ce programme, les regards d’Afghans sur leur propre pays, portraits et reportages captés en collaboration avec Webistan, l'agence photographique du photographe français d'origine iranienne Reza.

Rendez-vous à partir du 3 octobre sur afghanistan.arte.tv"


Source : Arte Reportage



mercredi 24 août 2011

3 ans déjà !


Il n'est pas habituel dans ce blog de faire des billets "personnels", mais il a aujourd'hui 3 ans. Un premier pas vers la maturité ? La rédaction de thèse s'achève. Le blog aura "souffert" de cette période, et n'aura pas pu être alimenté autant que souhaité (par exemple, autour des événements récents dans le Nord du Kosovo, la prise de Tripoli en Libye...). De nombreux événements n'ont pu être commentés, alors que l'actualité de la "ville en guerre" est plus que jamais brûlante. Ce sera avec plaisir que le blog reprendra très prochainement une activité plus soutenue. En attendant...

Un grand merci à tous les lecteurs ! Merci également pour votre patience lors de mails pour lesquels j'ai parfois pris beaucoup de temps pour répondre.

Un merci particulier à toutes les personnes que j'ai pu rencontrer lors de mes terrains, à Abidjan, Beyrouth et Mitrovica, également Sarajevo et Mostar. Toutes mes pensées pour ceux qui ont accepté de répondre à mes questions, de m'accompagner dans mes projets insensés, de parcourir avec moi ces villes pour lesquelles j'ai tant d'affection.


Le pont de Mostar
dans Le tramway de Sarajevo, Jacques Ferrandez.



Le premier billet de ce blog abordait le lien ville/guerre, à travers la question de la "ville-refuge", de la "ville-cible" et de la "ville-symbole". Depuis, une série de billets sur "La ville, la guerre et...", en hommage à l'ouvrage de Jean-Louis Dufour La ville, la guerre et le soldat, (Odile Jacob, 2002) ou encore une série sur "Le regard des géographes" ont été commencées. Il reste encore beaucoup de points à aborder : la ville, la guerre et l'humanitaire ; la ville, la guerre et les médias ; la ville, la guerre et le genre, autant d'objets géographiques qui sont des champs de réflexion passionnants. Mais, ce blog prépare aussi des "innovations", notamment des billets sur "La ville, la guerre et... l'histoire ou la technologie", qui relève moins de l'approche spatiale, mais ne peuvent être ignorées sur ce blog.


Au plaisir de vous faire découvrir d'autres aspects de la "ville en guerre" et de la géographie !


dimanche 14 août 2011

"Le patrimoine militaire et la question urbaine" (In situ, n°16, 2011)


"Le patrimoine militaire et la question urbaine", In situ. Revue des patrimoines, n°16, 2011.


"La revue en ligne In situ consacre son dernier numéro au « patrimoine militaire et la question urbaine » (n°16, 2011). Sous la direction de Dorothée Chaoui-Derieux (conservateur du patrimoine) et d’Emilie d’Orgeix (maître de conférences en histoire de l’art moderne à Bordeaux 3), qui signent unéditorialparticulièrement efficace qui présente avec synthèse les différents enjeux de la réflexion sur le patrimoine militaire urbain, ce numéro propose un regard éclairant sur les processus de reconversion et de patrimonialisation des patrimoines militaires, question qui est aujourd’hui au cœur de l’actualité dans de nombreuses villes, du fait de la fermeture progressive de nombreuses casernes en France d’une part, et de la question de la réhabilitation de nombreuses traces archéologiques d’autre part. Cette thématique intéressera, de plus, tous ceux que la géohistoire des formes urbaines intrigue, dans la mesure où ce numéro apporte de nombreux compléments à l’analyse de l’urbanisation et des politiques urbaines dans des villes telles que Strasbourg, Lyon ou Saint-Nazaire, dont les étudiants parcourent les cartes topographiques. A travers une démarche principalement historique, « il s’agit ici de s’interroger sur les principes d’identification, d’inventaire et d’étude de ce patrimoine antique, médiéval, moderne ou contemporain, conservé ou disparu, d’évaluer l’impact du fait militaire sur les sites d’implantation des villes et sur la structuration urbaine (emprise au sol, réoccupation d’anciens édifices ou emprises, créations de nouveaux pôles d’urbanisation...) et, enfin, d’analyser les différents processus de patrimonialisation, de reconversion des sites et la perception qu’en ont aujourd’hui leurs usagers »."




Source du compte-rendu : Bénédicte Tratnjek, 2011, "Le patrimoine militaire et la question urbaine (In situ, n°16, 2011)", Cafés géographiques, rubrique "Des livres", 13 août 2011, en ligne : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2235




mercredi 3 août 2011

"La vulnérabilité urbaine mondiale" (Michel Lussault)

Poursuivant son analyse de la ville vulnérable, le géographe Michel Lussault est intervenu à l'ENS-Lyon le 23 avril 2009 sur la question de "La vulnérabilité urbaine mondiale" dans la cadre d'un cycle d'entretiens sur "La mondialisation, le temps des villes". La vidéo a été publiée sur le site de Canal-U.


Cet entretien avec Gérard Wormser présente dans une première partie la géographie telle que la conçoit Michel Lussault (qui explique notamment l'impact des travaux du géographe Claude Raffestin sur son appréhension sur les images de la ville). "L'existence sociale est, de part en part, une existence spatiale. (...) La géographie est une éthique de l'espace des sociétés, de l'espace habité".

A ce propos, on retrouvera les actes de la journée d'études A quoi sert la géographie ? (voir le programme et la vidéo de la conférence conclusive de Michel Lussault : "Ce que la géographie fait au(x) monde(s) ?"), publiés dans la revue Tracés (hors-série n°10, 2010, "A quoi servent les sciences humaines (II)", dossier "A quoi sert la géographie ?" sous la direction d'Aurélie Delage et Yann Calbérac). Parmi les nombreux articles, on y retrouvera notamment celui de Paul-David Régnier (notamment auteur du Dictionnaire de géographie militaire) intitulé "Un géographe au service des conflits : plaidoyer pour une géographie hors les murs".

La seconde partie revient sur la question de la ville vulnérable. "Dans ces conditions de vulnérabilité, on croise une configuration spatiale déjà là, qui en elle-même a de l'importance, ce que j'appellerais la configuration géographique. Le World Trade Center, ce n'est pas la même chose que les plages de Thaïlande, qui ne sont pas la même chose que les favelas de Rio, qui ne sont pas la même chose que les Abruzzes récemment touchées par un tremblement de terre. (...) Le rôle du géographe par rapport à l'analyse de la vulnérabilité, c'est de se poser la question des conditions de possibilités d'un phénomène catastrophique et ensuite d'analyser comment ce phénomène catastrophique modifie la configuration matérielle, l'organisation sociale, l'organisation politique".


Présentation de l'émission sur le site de Canal-U :
"Quoi que nous fassions, notre horizon urbain est celui de la vulnérabilité. Celle-ci n'est pas un dysfonctionnement, mais le régime normal du système urbain. Agir dans un monde incertain (Lascoumes), appréhender les catastrophes (Dupuy), c'est accepter de rompre avec l'idée d'arraisonnement et de maîtrise du monde comme totalité. Loin d'opposer une prise de contrôle à ce qui serait du désordre, il s'agit d'observer les régulations spontanément à l'œuvre : des événements locaux mettent parfois leurs interactions en échec, rendant perceptible leur limitation. Les sociétés urbaines ne sont pas contrôlées car elles ne sont pas contrôlables. Il s'agit d'intégrer la vulnérabilité afin de repenser les processus de régulation des sociétés urbaines."


Source : Canal-U.







Petite bibliographie/sitographie sélective propos de la "ville vulnérable" dans les travaux de Michel Lussault :
  • "La guérilla urbaine", Cafés géographiques, compte-rendu du café géographique du 3 octobre 2008, Festival international de géographie, Saint-Dié-des-Vosges.
  • "L'assurance de la catastrophe", La GéoGraphie, numéro spécial "Guerres et conflits. La planète en danger", n°4 (n°1531), automne 2008, pp. 18-23.
  • "La ville vulnérable : guerre, guérilla et catastrophes", Planète Terre, émission de radio animée par Sylvain Kahn, France Culture, 8 octobre 2008 (voir le contenu de cette émission)
  • L'Homme spatial. La construction sociale de l'espace humain, Le Seuil, 2007, 366 p. (voir le compte-rendu de lecture de Gilles Fumey pour les Cafés géographiques).


A propos des travaux de Claude Raffestin :


mardi 2 août 2011

"Imaginaire des Balkans" (Maria Todorova)



Maria Todorova, 2011, Imaginaire des Balkans, Editions EHESS, collection "En temps & lieux", Paris, 352 p. (traduction de l'ouvrage Imagining the Balkans).



(JPEG)Travail incontournable pour qui s’intéresse aux Balkans, l’ouvrage Imagining the Balkans de l’historienne Maria Todorova vient d’être traduit en français. Cette traduction ne manquera pas d’intéresser non seulement les chercheurs, les étudiants et les passionnés que le sort des Balkans intrigue, mais aussi tous ceux que l’imaginaire, l’identité, les représentations et la mythification de l’histoire interrogent. Par-delà l’étude de cas, l’auteur questionne l’appartenance identitaire, l’appropriation territoriale, les spatialités des minorités. Elle décortique le poids des toponymes, la géographie imaginaire au prisme de la littérature et des récits de voyage, ou encore l’impact des discours sur la construction des peuples, de leurs territoires et de la différenciation identitaire. Derrière la question « que sont les Balkans ? », elle interroge ainsi la fabrique des identités et le poids des représentations dans la construction d’ « aires régionales » définies par des critères d’unité parfois contestables, parfois imposés de l’extérieur, parfois créés artificiellement, mais qui nécessitent toujours d’être questionnés.




Source du compte-rendu de lecture : Bénédicte Tratnjek, "Imaginaire des Balkans (Maria Todorova)", Cafés géographiques, rubrique "Des livres", 2 août 2011, en ligne : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2232