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lundi 31 décembre 2012

Géographie de Noël et du Père Noël

Suite aux sélections biblio/sitographiques réalisées pour la page facebook des Cafés géographiques (en accès libre, avec ou sans compte), voici un billet revenant sur des ressources en ligne sur la géographie de Noël et du Père Noël. Dans les cadeaux, sur les tables de fêtes, dans les espaces publics et domestiques, Noël est un événement géographique qui permet d'interroger la mondialisation, les spatialités de la fête, l'approche spatiale de la décoration dans les maisons comme dans les rues... Parmi les grands "classiques", le Père Noël est une figure qui n'a cessé d'interroger les sciences humaines, sociales, philosphiques et politiques, comme en témoigne par exemple le texte "Le Père Noël supplicié" de Claude Lévy-Strauss (Les Temps Modernes, n°77, 1952, pp. 1572-1590). La géographie s'est moins interrogée sur ce personnage, comme sur les territoires éphémères des festivités de Noël. Pourtant, la géographie du Père Noël et de l'ensemble des fêtes de Noël restent mal connues. Quelques liens (tout particulièrement les textes de Marc Lohez qui a beaucoup contribué à faire connaître la géographie du personnage mythique qu'est le Père Noël) dans ce billet pour découvrir les problématiques autour de la dimension spatiale des festivités de Noël, dont le Père Noël, personnage laïque, symbolise la mondialisation, à la fois par son parcours à travers le monde et par le voyage des jouets qui se retrouveront au pied des sapins. A (re)trouver également la brève de comptoir "Edition de Noël 2010" revenant sur les textes publiés par Les Cafés géographiques sur la géographie de Noël et le dossier "Géographie de la fête".



Noël dans les espaces domestiques
En 2001, Jean-François Stazack écrivait un plaidoyer sur "L'espace domestique : pour une géographie de l'intérieur" dans l'introduction d'un numéro des Annales de géographie consacré aux "Espaces domestiques" (Annales de géographie, vol. 110, n°620), dans lequel il dénonçait combien "les sciences sociales et singulièrement la géographie ne se sont guère intéressées à l'espace domestique" qui pourtant, en tant que "produit d'une société dont il porte les normes et, en même temps, (qui) structure la vie quotidienne et participe à la reproduction sociale", est "un enjeu scientifique et épistémologique important car ceux qui l'habitent le construisent en tant qu'acteurs géographiques à l'échelle, négligée par la discipline, du corps et de l'individu" (p. 339). Ce plaidoyer avait notamment donné lieu à un colloque en 2002 dont les actes ont donné lieu à un ouvrage collectif particulièrement stimulant, Espaces domestiques (Béatrice Collignon et Jean-François Stazack (dit.), 2004, Bréal). Depuis, les travaux sur les espaces domestiques se sont multipliés en géographie (par exemple sur la place de la cuisine dans l'espace domestique, qui devient pour les diasporas, par exemple, un symbole identitaire, un lien avec le territoire et la société d'origine), bien que l'échelle du corps et de l'individu reste encore en marge des principales recherches.

Le temps des festivités de Noël, cet espace domestique, tout en restant l'espace du privé et du familial, devient également un territoire éphémère de la fête : par les décorations de Noël (depuis le sapin et les guirlandes jusqu'à la crèche), il devient le symbole de l'appropriation, à l'échelle de la famille, de certaines symboliques de cette fête qui est double : les symboles du Père Noël pour la fête profane (autour du sapin et des chaussons posés pour attendre les cadeaux), et les symboles de la Nativité (notamment autour de la crèche) pour la fête chrétienne. L'espace domestique devient ainsi un lieu dans lequel s'affiche temporairement les appartenances identitaires, entre héritages, pratiques et rejets. "Sapins et crèches se côtoient dans les espaces domestiques qui, pour quelques jours, se transforment en territoires intimes de la fête. Sur les tables, « la géographie fait la fête », entre identité locale et « traditions » importées" (dossier "Géographie de la fête", Les Cafés géographiques, 18 décembre 2011).
Les quatre espaces du Père Noël
Source : Marc Lohez, "Les territoires du Père Noël",
Les Cafés géographiques, rubrique Brève de comptoir, 18 novembre 2003.




Les territoires du Père Noël

Chaque année, le site du NORAD (North American Aerospace Defense Command) et plus récemment une application Google permettent de suivre, en temps "réel" la tournée du Père Noël. Si ces cartes de géolocalisation permettent de savoir où se situent le Père Noël pour le blog La terre bouge ("On sait enfin où se trouve le Père Noël !", La terre bouge, 24 décembre 2012), rien n'est moins sûr pour le géographe Thierry Joliveau tenté de veiller "pour attendre le Père Noël et quand il arrivera, je jetterai subrepticement une balise Locster dans sa hotte. Comme ça, je saurai enfin où il habite" ("Géolocaliser le Père Noël", blog Monde géonumérique, 23 décembre 2009). La question du lieu de vie du Père Noël reste un enjeu géographique : entre tourisme de Noël et aménagements des territoires du Père Noël - y compris dans leur déterritorialisation, avec des bureaux de postes et des "secrétariats" re-localisés dans chaque pays -, la géopolitique du Père Noël dessine une dispute territoriale autour des "véritables" territoires du Père Noël. Autour de ces revendications, les espaces entrent en concurrence, notamment entre Laponie et Pôle Nord. "Pratiquant la migration pendulaire la plus spectaculaire de l’année, le Père Noel a également beaucoup voyagé durant sa longue histoire. Des voyages dans des territoires qui ont profondément marqué cette figure populaire" (Marc Lohez, "Les territoires du Père Noël", Les Cafés géographiques, rubrique Brèves de comptoir, 18 novembre 2003).
Exemples d'images de destinations associées au Père Noël
Source : 
C. Michael Hall, "Changement climatique, authenticité et marketing des régions nordiques : Conséquences sur le tourisme finlandais et la « plus grande marque au monde » ou « Les changements climatiques finiront-ils par tuer le père Noël ?", Téoros, vol. 28, n°2009/1, pp. 70-79.




De la géographie dans les repas de Noël

Dans les espaces domestiques, Noël s'invite également sur les tables. Aux repas "traditionnels", l'historien répond en revenant sur le sens de ces "traditions", souvent de création récente ; et le géographe, lui, décortique les parcours des produits alimentaires qui viennent s'installer au rang de "traditions". Et la géographie devient une "valeur ajoutée" : "toute la saga des cuisines et gastronomie est empreinte de ce dualisme du lointain et du proche" (Gilles Fumey, "A Noël, la géographie fait la fête sur la table", Les Cafés géographiques, rubrique Brèves de comptoir, 11 décembre 2005), qui s'inscrit plus que jamais sur la table de Noël, entre épices, légumes contre-saison, fruits de mer, mandarines... Un repas de Noël fait ainsi l'équivalent de cinq fois le tour du monde avant de parvenir dans nos assiettes.

"Provenance des fruits frais en promotion proposés par Carrefour (rien ne vient d'Europe !"
Source : Pierre Ozer et Dominique Perrin, "Cinq tours du monde pour un repas de Noë¨l (avec l'extra CO2)",
Les Cafés géographiques, rubrique Vox geographi, 22 décembre 2008
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Des éditos et des sélections sur la géographie de Noël

Pour retrouver plus de liens, voici quelques éditos et des sélections publiés sur des sites et des blogs qui ont permis cette sélection biblio/sitographique.


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