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vendredi 28 février 2014

Meilleurs voeux de Mostar : La bande dessinée, la ville et les espaces de la nostalgie

Source : Frano Petruša, 2012, Meilleurs voeux de Mostar,
Dargaud, extrait de la planche 1
.
Voici quelques billets réalisés dans le cadre de ma participation au Laboratoire junior Sciences Dessinées (ENS de Lyon) autour de la bande dessinée Meilleurs voeux de Mostar de Frano Petruša (Dargaud, 2012).

Beaucoup d'angles auraient pu permettre d'aborder cette bande dessinée, qui fait de la ville de Mostar (devenue "célèbre" par la destruction de son pont le 9 novembre 1993 - le 20ème anniversaire de cette destruction a été l'occasion de lancer cette série de billets) bien plus qu'un espace-décor (que l'on oublierait et qui ne serait qu'un "prétexte" à l'histoire). Le lecteur y découvre le retour de Frano Petruša dans la ville de son adolescence, 20 ans après son départ.

"La bande dessinée propose un voyage dans Mostar par la nostalgie : le lecteur y suit le parcours de Frano Petruša, qui, au gré de son errance dans la ville de son adolescence, se souvient d’événements à la fois anodins et marquants. Cette lecture permet ainsi au lecteur de découvrir “la ville du pont” du temps du “Vieux pont” (le pont de Mostar se nomme le Stari Most, “le Vieux pont” : le pont reconstruit est souvent appelé, avec raillerie parfois, le “nouveau Vieux pont”) sous le prisme d’un regard naïf, celui d’un adolescent qui se préoccupe plus d’amitiés et d’amourettes, de basketball et de bagarres, que des événements politiques qui vont signer la fin de la Yougoslavie. Pourtant, ce regard naïf montre bien les paradoxes de cet espace de vie marqué par le multiculturalisme, entre tolérance et incompréhension, entre solidarités et rejet." (billet introductif de la série).


Pour poursuivre la lecture : SÉRIE "MEILLEURS VOEUX DE MOSTAR"

jeudi 27 février 2014

Séminaire : "Purifier et détruire": penser la violence symbolique dans la guerre par l'approche spatiale (5 mars, EHESS)


La prochaine séance du séminaire "Sociologie des conflits armés" de l'EHESS questionnera la violence symbolique dans la guerre pensée par l'approche spatiale. Cette séance aura lieu dans la salle de séminaire du CRPS (Sorbonne, 14 rue Cujas, au 3e étage, Paris), le 5 mars 2014 de 17h00 à 19h00.




Présentation de la séance :
Dans son texte "Effet de lieu" (dans La misère du monde), Pierre Bourdieu met en avant que toute sa réflexion sur la violence symbolique a manqué une perspective qui aurait dû être son point de départ : l'approche spatiale. Décrivant les banlieues françaises, il pointe la nécessité de réfléchir à cet "effet de lieu" qui reste à définir et à conceptualiser. L'appropriation et le marquage symbolique de l'espace sont, en effet, des grilles de lecture qui permettent de comprendre ce que la géographe Elisabeth Dorier-Apprill a nommé "l'efficacité géographique de la guerre" (Vies citadines), c'est-à-dire l'ancrage visible et invisible de la conflictualité dans les territoires par-delà le seul temps des combats. "Le marquage fonctionne comme violence symbolique lorsqu'il inscrit dans la durée l'affirmation de formes d'appropriation de l'espace, dont le caractère socialement arbitraire finit par ne plus être perçu, en évitant donc le recours permanent à la force pour imposer un pouvoir sur un espace donné" (Vincent Veschambre). Souvent mobilisée en sociologie des conflits et en relations internationales (Thomas Lindemann), la violence symbolique sera ici questionnée par le prisme du marquage de l'espace et l'appropriation territoriale des acteurs en armes. Le quadrillage du territoire n'a pas que des objectifs purement "militaires", mais aussi des finalités politiques, idéologiques et symboliques. Le géographe Michael F. Davie observe, dès 1992, l'importance du "placardage" iconographique dans Beyrouth en guerre, et analyse la diversité de l'affichage comme une appropriation de "quartiers-territoires" par les acteurs en armes et les acteurs politiques. La territorialisation par cette violence symbolique est aujourd'hui encore un enjeu majeur dans de nombreux conflits : qu'ils s'agissent de la destruction ou de la (re)construction, l'espace est mis en scène, "publicisé". La destruction de lieux de pouvoir en Afghanistan, des statues dans le monde arabe, des bibliothèques dans les guerres de Croatie et de Bosnie-Herzégovine, des mausolées de Tombouctou ou du patrimoine culturel mondial en Syrie sont certainement les aspects les plus connus (parce que les plus visibles et les plus médiatiques) de cette appropriation territoriale par la violence symbolique. La (re)construction de statues (telle que le projet Skopje 2014) ou de lieux d'une mémoire  participent tout autant des "mémoricides", des "urbicides" et des "nettoyages territoriaux". Il s'agira de tenter de définir ces néologismes, d'en montrer les apports pour penser, par la géographie des conflits, la "géographie de la peur" telle qu'elle se dessine et s'ancre par-delà le temps des combats, et inscrit la conflictualité dans les territoires du quotidien. Le titre "Purifier et détruire" de l'ouvrage de Jacques Sémelin sera ici "détourné" de son approche politique, pour questionner les spatialités des destructions, la mise en scène de l'espace, et l'ancrage des "nettoyages territoriaux".




mercredi 26 février 2014

Journée d’études sur l’espace adriatique : histoire, archéologie, géographie (26 mars, Saint-Etienne)

La 5e journée d’études en histoire et géographie au lycée Claude-Fauriel aura pour thème l'espace adriatique. Elle se déroulera le mercredi 26 mars 2014 (9h-12h30 / 14h-16h) à Saint-Etienne (accès libre et gratuit).




Présentation et programme de la journée d'études :

Cette journée pluridisciplinaire s’inscrit dans le cadre de la préparation de deux voyages d’études-pour les étudiants de CPGE des filières économique (Venise) et littéraire (Circum-Adriatica), elle est organisée par leurs professeurs : François Arnal (géographie), Nadia Saint-Luc (philosophie), Giovanni Stranieri (italien), Franck Thénard-Duvivier (histoire), avec le soutien de l'association Khâgne 42.


9h-12h30 : l’Adriatique antique et médiévale

- Le canal d’Otrante dans l’Antiquité : mobilités et frontières dans l’aire ionio-adriatique, par Jean-Luc LAMBOLEY, ancien élève de l’ENS, ancien membre de l’EFR, professeur d’histoire grecque à l’Université Lumière Lyon 2.

- L’aire d’influence ecclésiastique d’Aquilée dans le haut Adriatique aux IVe-VIe siècles, par Pascale CHEVALIER, maître de conférences en histoire de l’art médiéval au département d’histoire de l’art de Clermont II.

- Les relations trans-adriatiques du nord de l’Albanie avec la Sicile angevine, Venise et Rome dans l’architecture religieuse des IXe au XIVe siècle, par Bruna BREGU, doctorante en histoire et archéologie en co-tutelle (Albanie/Besançon).


14h-16h : l’espace adriatique à l’époque moderne et contemporaine

- Venise, reine de l’Adriatique, XVe-XVIIe siècles, par Marie F. VIALLON, professeur des universités (Lyon 3), spécialiste de la civilisation italienne, auteur de Venise et la porte ottomane (1453-1566), Paris, Économica, 1995.

- Les paysages de Mostar, des « espaces de la nostalgie » : géographie culturelle de l’espace post-yougoslave, par Bénédicte TRATNJEK, géographe, IRSEM (Institut de Recherche Stratégique de l’École Militaire), chargée de cours à l’ISFEC de Rennes et à l’Université Lyon 3.



Informations pratiques :
  • Lieu : grand amphithéâtre du lycée Claude-Fauriel, 28 avenue de la Libération, 42007 Saint-Etienne. 
  • Renseignements / contact : Franck.Thenard-Duvivier@ac-lyon.fr
  • Source de l'information : site de l'AK42 (association de la Khâgne 42 Fauriel)

lundi 17 février 2014

Des symboles dans la ville : Vučko, la mascotte des Jeux olympiques d'hiver de 1984 à Sarajevo

Il y a tout juste 30 ans, le 7 février 1984, étaient lancés les Jeux olympiques d'hiver de Sarajevo. Avec eux naissaient la mascotte, le loup Vučko. Alors que s'ouvrent les Jeux olympiques d'hiver de Sotchi (voir Kurt Scharr, Ernst Steinicke et Axel Borsdorf, 2012, "Sotchi/Сочи 2014 : des Jeux Olympiques d’hiver entre haute montagne et littoral", Revue de géographie alpine, vol. 100, n°4/2012) pour lesquels nombre de commentateurs et de chercheurs ont insisté sur le grand rôle géopolitique d'un tel méga-événement sportif* et que les manifestations gagnent en ampleur dans les rues sarajéviennes (voir le dossier "Bosnie-Herzégovine : la révolte sociale gagne tout le pays", Le Courrier des Balkans et le suivi minute par minute proposé par les journalistes du Courrier des Balkans depuis Sarajevo et Tuzla), cet anniversaire passe relativement inaperçu. Dans la médiatisation des manifestations en Bosnie-Herzégovine (assez faible dans les médias, au vu d'une actualité internationale très chargée, même si ces événements mériteraient tout de même une grande attention), quelques allusions aux Jeux olympiques de 1984. "Ces manifestations, qui avaient lieu pour la troisième journée d'affilée, sont d'une ampleur sans précédent dans l'ex-république yougoslave qui, il y a trente ans jour pour jour, accueillait les Jeux olympiques d'hiver" ("Bosnie : le siège de la présidence à Sarajevo incendié par des protestataires", Le Monde, 7 février 2014). Au lendemain de cet anniversaire, peu de médias semblent, en France, avoir proposé un article sur les 30 ans des J.O. de Sarajevo, qui, en leur tour, avaient eux aussi montré l'importance géopolitique des méga-événements sportifs ("Sarajevo 1984 : trente ans et une guerre plus tard", Le Monde, 8 février 2014, article mis en ligne dans le dossier "Sotchi 2014"). D'autres médias vont préférer des titres bien racoleurs pour parler des manifestations (tels que Le Républicain Lorrain qui titre "Bosnie, tiers-monde au coeur de l'Europe", 9 février 2014, oubliant le sens même de l'expression "tiers-monde" ; "J.O. Rétro : 30 après, Sarajevo pleure la fraternité perdue", France Ouest, 5 février 2014 ; "Sarajevo : les vestiges des jeux olympiques de 1984", L'Express, 5 février 2014). Entre relatif silence médiatique et racolage de certains titres autour des manifestations, l'occasion ici de rappeler ce qu'ont représenté les Jeux olympiques d'hiver de 1984 à Sarajevo, tant dans l'aménagement urbain que dans la géopolitique mondiale, et leurs poids dans les mémoires et dans la ville aujourd'hui.

* Sans prétendre à l'exhaustivité, voir notamment :
- Yann Roche, "Géopolitique des Jeux olympiques : les enjeux de Sotchi", L'actualité, 29 janvier 2014.
- Alla Lebedeva, "Sotchi, ville olympique", L'actualité, 30 janvier 2014.
- Aurélie Allain, "Jeux de Sotchi : antiterrorisme ou dérive sécuritaire ?", L'actualité, 31 janvier 2014.
- Elisabeth Vallet, "Des Jeux olympiques d'hiver... sous les Tropiques", L'actualité, 3 février 2014.
- Aurélie Allain, "Sotchi : au coeur de la poudrière du Nord-Caucase", L'actualité, 4 février 2014.
- Régis Genté, "J.O. Russie, Poutine, Caucase, Sotchi... Que signifient ces mots ?", entretien réalisé par Pierre Verluise, Diploweb, 6 février 2014.
- Emission : "JO de Sotchi : le monde du sport doit-il se taire ?", Du Grain à moudre, France Culture, 5 septembre 2013.



dimanche 16 février 2014

Séminaire : "Espaces fluides / espaces solides" (EHESS, 20 février)

Suite à son texte texte "Espaces fluides et espaces solides : nouvelle réalité stratégique ?" (Revue de défense nationale, n°753, octobre 2012), Laurent Henninger propose d'approfondir la réflexion dans son séminaire mensuel à l'EHESS. La prochaine séance portera sur l'approche géographique. Elle aura lieu le jeudi 20 février 2014, à l'EHESS (salle 9, 105 boulevard Raspail, Paris 6ème arrondissement) de 17 h à 19 h00.



Espaces fluides et espaces mobiles :
penser l'incertain de la guerre par la dimension spatiale

Ces dernières années, la géographie militaire renoue avec son utilité sociale : produire un savoir utile aux militaires, mais aussi un savoir sur le fait militaire. Néanmoins, de nombreux chantiers restent à mener. En proposant, dans son article "Espaces fluides et espaces solides : nouvelle réalité stratégique ?", de se confronter aux réalités spatiales des espaces de la guerre, Laurent Henninger propose également une invitation à une réflexion sur la géographie et la cartographie de la guerre. La guerre dessine une géographie du mouvement, dont il est parfois difficile de rendre compte, par exemple dans des productions cartographiques tendant à figer les réalités de la guerre. Comment, par exemple, rendre compte de la géographie de la rumeur ou des impacts des blogs et réseaux sociaux dans la diffusion de la contestation ou de l'affrontement armé dans les territoires en guerre ? On confrontera les "espaces fluides" et les "espaces mobiles" (Denis Retaillé) pour tenter de dégager quelques pistes de réflexion pour penser l'incertain de la guerre au prisme de la géographie. Le géographe Yves Lacoste n'écrivait-il pas La géographie, ça sert, d'abord, à faire la guerre en 1976 ? Si cet essai avait d'abord pour objectif de militer pour une géographie engagée qui ose aborder la politique et le politique dans leurs spatialités, la formule a connu un grand succès, par-delà le contenu de l'ouvrage : ainsi, beaucoup ont pu écrire que la géographie, ça sert aussi à construire la paix. La dialectique espaces fluides / espaces solides peut alors être une invitation à redessiner une géographie de la guerre qui tienne à la fois compte des enjeux politiques et stratégiques (géographie politique et géopolitique) et des réalités spatiales vécues par les habitants "ordinaires" (géographie culturelle). Elle invite, en outre, à confronter les visibilités et les invisibilités de l'efficacité géographique de la guerre.

Source : Denis Retaillé, 2011, "Introduction à une géographie des conflits",
L'Information géographique, vol. 75, n°3/2011, pp. 6-22.


jeudi 13 février 2014

Café géo : "Géographies de l’Apocalypse. Comment l’arme nucléaire a engendré notre cartographie" (Toulouse, 19 février)

Lors du prochain Café géographique de Toulouse, le géographe Henri Desbois (maître de conférences HDR à l'Université Paris X Nanterre) discutera des "Géographies de l'Apocalypse. Comment l'arme nucléaire a engendré notre cartographie", le mercredi 19 février 2014 au Bistrot de Julie (4 allée Paul Feuga, Toulouse : voir le plan d'accès sur le site des Cafés géographiques). Si l'arme nucléaire est souvent appréhendée par les relations internationales, la science politique, l'histoire militaire, la stratégie ou encore la philosophie politique, elle reste aussi à appréhender par sa dimension spatiale. En attendant ce Café géo, voici quelques cartes sur les armements nucléaires dans le monde pour lancer ce débat autour de la manière dont la présence des armes nucléaires, la portée des missiles et la probabilité/potentialité d'utilisation par les acteurs qui la détiennent ont construit une cartographie de la sécurité/insécurité dans le monde (voir également l'article : Sylviane Tabarly, 2005, "Les armes de destruction massive (ADM) : les risques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques", Géoconfluences, dossier "Risques et sociétés", 13 mai 2005 ; qui renvoie vers de nombreuses ressources en ligne).